Sheila est très forte, elle ne dévoilera pas ses failles. Après, il y a Annie [Chancel]. Annie, c’est la maman, celle qui aime, qui souffre. Et là, c’est une autre histoire“, résume en toute transparence Sheila dans un nouvel entretien accordé à l’hebdomadaire Gala. Un entretien tourné tout entier autour de la mort et l’absence de “Ludo” (Ludovic Chancel), son fils – fruit de son mariage passé avec Ringo – décédé le 7 juillet 2017 des suites d’une overdose, et de l’omniprésence d’une douleur qui a rendu la chanteuse en quelque sorte schizophrène… Voilà ainsi pour quoi Sheila travaille autant : “pour maintenir Annie en vie“.

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Concert à la salle Pleyel (le 28 décembre), passage sur le canapé de Vivement dimanche, nouvelle tournée, nouvel album… Sheila ne s’arrête pas et il y a une raison à cela : un deuil presque impossible à faire. “La mort de son enfant est inconcevable. Impossible. J’apprends à vivre avec ma souffrance. Il faut combler le désespoir, qui, lui, ne passe pas“, dit-elle, confiant n’être “que cicatrices” à l’intérieur et affirmant n’être restée debout que grâce à ses proches. Sans eux, l’icône des yéyés, âgée de 73 ans, n’aurait “pas passé le cap” : “Parce que je me suis dit à un moment : je vais partir loin, très loin. Je ne suis pas suicidaire, même si dans les instants de grand désespoir, une folie est toujours possible. Ludo me manque tellement et cette absence est insupportable à vivre. Même si on était en froid car je ne supportais plus ses excès, cette destruction programmée…

Hantée par le pourquoi, la maman qu’elle est cherche encore des réponses qui se dérobent. Elle a demandé une enquête sur les circonstances de la mort de Ludovic – pour savoir ce qui s’est vraiment passé ce soir-là car mon fils n’était pas seul chez lui – et a mené sa propre enquête en son for intérieur, pour savoir ce qu’elle aurait “raté” qui aurait pu conduire son fils à s’abîmer de la sorte. “J’ai tout remis en question, relate-t-elle : ma vie, mon éducation, ma carrière. (…) J’ai ressassé… Puis j’ai compris : Ludo avait un mal de vivre insurmontable. Il n’a jamais trouvé sa place, il n’a pas fait les bons choix, il ne s’est pas réalisé. Il était trop gentil, trop sensible, trop généreux. C’est ce qui l’a tué. Il n’a pas vu le danger venir et il est tombé dans la drogue. Il s’est perdu. Pour l’en sortir, ce fut très compliqué. J’ai connu des situations difficiles. Il me menaçait, il me disait des paroles si violentes…

Je me suis éloignée de lui pour ne pas me détruire

Sheila se souvient de ses efforts, de ses espoirs, quand elle “gérait” encore la vie de Ludovic, quand il avait 20-25 ans, et se battait pour le sortir de la spirale infernale, lui trouvant des cures, des hôpitaux, rêvant qu’il parte à l’étranger et se coupe de ses “mauvaises fréquentations“. “On peut sauver un enfant, mais pas un adulte“, constate-t-elle, fataliste. “On n’arrivait plus à communiquer. C’est horrible à dire, mais j’avais un étranger en face de moi, finit-elle par lâcher. Il était devenu un homme avec plein de problèmes, d’incohérences, de dépendances. Il avait choisi une route que je ne cautionnais pas, alors je me suis éloignée de lui, pour me protéger, pour ne pas me détruire. Chacun a son expérience sur Terre et Ludo a choisi de mettre fin à ses jours. Il a toujours su qu’un jour il prendrait la dose de trop. C’est son choix. Je ne dois pas le juger.” Aujourd’hui, la communication est rétablie, c’est du moins ce qu’avance la chanteuse, qui croit en la réincarnation : “Son esprit est là. Je le porte en moi. On communique beaucoup, je crois qu’il a réglé ses comptes avec moi. Je sais qu’il est bien là où il est. Il a retrouvé ses grands-parents [les parents de Sheila sont décédés en 2002 à quinze jours d’intervalle, NDLR].

Passée par une phase de “douleurs physiques atroces“, somatisation de son chagrin qui l’a poussée à voir un psy – en vain -, Sheila a depuis “tout changé” dans sa vie et déménagé. “En ce moment, dit-elle, j’arrange ma nouvelle maison, je vide mes cartons. Je suis comme une femme qui marche sur un volcan qui n’est plus en éruption. Mes pieds me brûlent. J’ai mal, mais autour de moi des plantes repoussent. C’est beau (…).

L’interview de Sheila est à retrouver en intégralité dans le numéro 1333 du magazine Gala, actuellement en kiosques.