La publication d’une étude en faveur de l’inefficacité de la cigarette électronique dans l’aide au sevrage tabagique a soulevé un vent d’indignation parmi de nombreux tabacologues et les défenseurs de ce dispositif. Pointant la faiblesse de la méthodologie de l’étude, pourtant publiée dans la très sérieuse revue scientifique Journal of the American Medical Association Internal Medicine¹, Le DrAnne Borgne, addictologue à l’hôpital Jean Verdier à Bondy (93), rappelle que la e-cigarette constitue une alternative au moins aussi efficace que les substituts nicotiniques dans l’aide à l’arrêt du tabac.
L'efficacité de la cigarette électronique comme aide à l'arrêt du tabac mise en doute dans une étude à la méthodologie… douteuse !
La
cigarette électronique connait un véritable boom depuis plusieurs mois. Avec 1,1 à 1,9 million d’usagers réguliers et 7,7 à 9,2 millions de personnes qui l’ont essayée, ce dispositif suscite un enthousiasme sans précédent. Dépourvues de goudron, d’ammoniac, ou encore de monoxyde de carbone, elles n’exposeraient pas aux dangers du tabac ; mais elles contiennent en revanche une dose variable de nicotine et divers produits chimiques (solvants, arômes) dont les effets à long terme ne sont pas connus. En l’absence d’études scientifiques, les questions de son innocuité et de son efficacité dans l’arrêt du tabac restent donc sujettes à controverse.Une seule question sur l’usage de la cigarette électroniqueC’est sans doute ce qui a poussé Pamela Ling, chercheur spécialisée en tabacologie, et ses collègues de l’Université de Californie à San Francisco, à soumettre à deux reprises (en novembre 2011 puis en novembre 2012) à un questionnaire en ligne quelques 949 personnes sur leurs habitudes en termes de tabagisme. Les questions, classiques, portaient sur l’heure de leur première cigarette, leur consommation quotidienne, leur intention d’arrêter de fumer. L’usage de la cigarette électronique faisait l’objet d’une seule question : “En dehors des cigarettes, avez-vous utilisé une cigarette électronique ces 30 derniers jours (au moins une fois) ?“. A cette question, 88 personnes ont répondu par l’affirmative. Sans préciser la raison qui les a poussés à “vapoter“ au moins une fois au cours du dernier mois, puisque cela ne leur était pas demandé.Toujours est-il qu’au bout d’un an, les auteurs font le constat que ces personnes qui avaient utilisé une cigarette électronique n’avaient pas davantage que les fumeurs de tabac arrêté de fumer ou réduit leur consommation. “Nous avons observé qu’il n’y avait pas de différence dans le taux d’arrêt entre les fumeurs qui avaient utilisé une e-cigarette et ceux qui ne l’avaient pas fait“, rapporte ainsi Pamela Ling dans un mail adressé aux auteurs de la revue Nature. Et de conclure : “Nos données confortent l’idée selon laquelle les cigarettes électroniques n’augmenteraient pas le taux d’arrêt du tabac“.Une étude “malhonnête“, selon un spécialiste américainUne observation qui fait bondir le Dr Michael Siegel², de l’University School of Public Health à Boston, qui dénonce la malhonnêteté de ce travail : “L’étude n’examine pas le taux de succès à l’arrêt du tabac parmi les consommateurs de cigarette électronique qui veulent arrêter de fumer ou réduire leur consommation […] mais le pourcentage de gens qui arrêtent parmi tous les fumeurs qui ont -pour une raison ou pour une autre – essayé la cigarette électronique dans le mois précédent l’étude“. Et de souligner que, très probablement, la plupart des 88 fumeurs qui ont goûté à la e-cigarette n’avaient pas l’intention d’arrêter de fumer ni même d’essayer grâce à ce dispositif. D’ailleurs, insiste le chercheur, “les auteurs rapportent que parmi les 88 utilisateurs de e-cigarette, seuls 8 % avaient rapporté qu’ils essayaient alors d’arrêter de fumer à ce moment (autrement dit dans les 30 jours). Et seulement 39,8 % des utilisateurs de e-cigarette avaient l’intention d’arrêter dans les 6 prochains mois“.Pour le Dr Anne Borgne³, tabacologue à l’hôpital Jean Verdier à Bondy, cette étude, telle qu’elle a été menée, ne permet pas de tirer la moindre conclusion quant à l’efficacité de la cigarette électronique sur l’aide à l’arrêt du tabac. “Les conditions pour juger de l’efficacité d’un dispositif ou d’un produit dans l’aide à l’arrêt du tabac sont normalement extrêmement drastiques, souligne-t-elle. L’étude doit comparer le produit à un placebo, elle doit porter sur des gens motivés et qui utilisent le produit sur un temps donné“, énumère-t-elle, s’interrogeant sur le sérieux de l’étude américaine.Aucune étude menée pour déterminer l’efficacité de l’e-cigarette dans l’aide à l’arrêt du tabacSi cette étude n’est pas suffisamment rigoureuse pour conclure à l’inefficacité de la e-cigarette dans l’arrêt du tabac, le Dr Borgne rappelle qu’à l’inverse, “il n’existe aucune étude disant qu’elle est efficace“.En effet, ce produit d’usage courant n’étant pas considéré comme un médicament, les autorités sanitaires ne souhaitent pas investir dans une étude le comparant aux produits commercialisés comme des aides à l’arrêt du tabac. “Il faudrait l’intérêt d’un grand groupe à financer une telle étude“, estime Anne Borgne.En attendant, l’Inpes a lancé une étude pour comprendre les motivations des “vapoteurs“, et plus particulièrement savoir s’il existe un lien avec l’arrêt ou la diminution du tabagisme⁴. Les résultats sont attendus pour la fin de l’année.Click Here: camisetas de futbol baratas