L’une est blanche et british. L’autre est noire et américaine. Carole Middleton et Doria Ragland, « belles-mères » des princes William et Harry, ont pourtant des parcours et des passions similaires. Démonstration.

Elles ne se sont pas encore rencontrées, mais on imagine volontiers leur sororité, dans les salons figés de Kensington. Le thé vert matcha, breuvage préféré de ces deux sexagénaires affûtées, qui coule dans la porcelaine Wedgwood. Les anecdotes de cabine, premier sas de ses deux anciennes hôtesses de l’air, qui se bousculent. Les conseils de l’une, membre obséquieux de la famille royale depuis plus de six ans, chuchotés à l’oreille de l’autre, touriste débarquée de sa Californie, dans le dos des majordomes et des gouvernantes… Elles n’ont pas la même couleur de peau, pas la même citoyenneté, pas la même ancienneté au sein de « La Firme ». Mais Carole Middleton, mère de Kate, duchesse de Cambridge, et Doria Ragland, mère de Meghan Markle, compagne du prince Harry, ont plus en commun qu’il n’y paraît.

En matière d’élégance, la seconde, assistante sociale et prof de yoga basée à Los Angeles, va devoir apprendre vite. Si la perfide Albion a salué une légère perte de poids et son choix d’un top en dentelle rose pastel de la maison Burberry – accoutrement que n’aurait pas renié Carole – pour sa première apparition aux côtés du prince Harry, dans les gradins des Invictus Games, Mrs Ragland a trop souvent été surprise dans des leggings et des bottes UGG par les paparazzi. Pratique pour les salutations au soleil et autres contorsions new-age, nul doute. Mais pas du meilleur goût pour faire la révérence devant la reine ou figurer sur les photos officielles de la famille royale d’Angleterre. Pas de quoi, ceci dit, effrayer la mère de celle qu’on imagine sous un voile blanc, au bras d’Harry. Si Carole Middleton y est arrivée…

Les deux pièces rapportées du clan Windsor ont fait leurs ongles sur les barreaux de l’échelle sociale avec la même détermination. Aujourd’hui à la tête de Party Pieces, très florissante entreprise d’articles dédiés à la fête, la mère de Kate est issue d’une famille de mineurs. Culte de l’effort, petit job de vendeuse chez C&A, puis uniforme de la British Airways, avant d’épouser Richard Middleton, fringant steward, et de faire peser les 33 millions d’euros de leur société dans la royale corbeille de mariage de leur cadette. Doria Ragland, elle, est l’arrière-arrière-petite-fille d’un esclave, dont la sueur et le sang ont trempé les champs de coton du Sud américain. La fille d’un antiquaire et l’épouse d’un chef éclairagiste, Thomas Markle, rencontré alors qu’elle œuvrait en tant qu’intérimaire dans un studio hollywoodien. Le mariage interracial a tourné court, mais Doria n’est pas restée à terre. Partageant la garde de Meghan avec son ex-époux, elle s’est retroussé les manches en tant que personnel naviguant sur des vols moyen-courrier.

C’est avec le même souci d’excellence et de distinction que Carole Middleton et Doria Ragland ont élevé leurs filles. Toutes deux instruites dans des établissements publics, elles ont privilégié l’enseignement privé pour leur progéniture. Meghan Markle a appris à lire et compter sur les bancs de la Hollywood Little Red Schoolhouse, école élémentaire fréquentée jadis par Liz Taylor et Judy Garland. Elle a fait son secondaire, au milieu d’autres adolescentes, à la Catholic Immaculate Heart High School, facturant 13 000 euros l’année. Puis, direction la prestigieuse Northwestern University, dans l’Illinois, pour étudier le théâtre et les relations internationales. Rendue célèbre par la série Suits, la girlfriend du prince Harry est surtout la première de sa famille à être diplômée d’une université.

Externe à Downe House, très sélect établissement pour jeunes filles situé dans le Kent, au sud-est de Londres, Kate Middleton a, elle, transité par le comté de Wiltshire et le Marborough College, dont les frais de scolarité s’élèvent à plus de 34 000 euros, avant de terminer son rapprochement avec le prince William sur le campus de l’université de St Andrews, en Ecosse.

Le fantasme du « royal wedding », c’est peut-être le seul point de divergence entre Carole Middleton et Doria Ragland : si la première a téléguidé son aînée jusqu’aux grandes orgues de l’abbaye de Westminster et ne boude pas son plaisir d’apparaître à la traîne d’Elisabeth II, la seconde s’est contenté de rappeler à sa fille unique qu’il ne fallait « jamais brader la crémière » ( « never give the milk away for free », en version originale). Sous le soleil de Californie, Buckingham et Balmoral ont encore le charme lointain des cartes postales. Mais tout reste envisageable autour d’une tasse de matcha… Come on, darling Doria !

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