Dans une expertise collective publiée par l’Inserm le 12 juin 2013, des spécialistes ont analysé les données depuis 1980 sur l’implication des pesticides dans plusieurs maladies chez des personnes exposées professionnellement à ces produits. Les résultats montrent une incidence accrue de maladies, en particulier cancéreuses, neurologiques mais aussi des troubles de la reproduction. Des effets sur le fœtus et l’enfant, même à faible dose, sont également évoqués.

En population générale, la principale voie d’exposition est la voie orale à travers l’alimentation.

Dans cette expertise, des données épidémiologiques, toxicologiques, cellulaires et moléculaires des études scientifiques internationales sur les 30 dernières années ont été considérées. Tous les

pesticides présents en milieu professionnel ont été inclus, indépendamment des définitions officielles.Une présence partout dans l’environnementLes insecticides, herbicides, fongicides et autres produits dits phytosanitaires sont nombreux (plus de 100 familles chimiques et 10 000 formulations commerciales) et massivement utilisés, surtout en milieu agricole mais aussi dans de nombreux autres secteurs (parcs et jardins, voierie, traitement du bois, santé humaine et vétérinaire, etc.). De ce fait, si les études réalisées se concentrent dans les milieux professionnels exposés, les pesticides sont en fait omniprésents : dans l’air, les eaux, le sol et les produits alimentaires. En milieu professionnel, précise l’étude de l’Inserm, la principale voie d’exposition est la peau (80 %) et dans certains milieux, la voie respiratoire. En population générale, la principale voie d’exposition est la voie orale à travers l’alimentation.Maladies liées ou supposées liées à l’exposition aux pesticidesSur ce sujet controversé, les études sont multiples et les résultats concordants pour certaines maladies, moins pour d’autres. L’expertise de l’Inserm s’est focalisée sur 8 localisations de cancer et 3 maladies neurodégénératives mais aussi sur la fertilité, la grossesse et le développement de l’enfant.En ce qui concerne les cancers, une augmentation du risque de

cancer de la prostate existe chez les agriculteurs, les travailleurs des usines de pesticides et en zone rurale (12 % à 28 %). Certains pesticides comme la chordécone  sont également pointées du doigt en population générale.

Par ailleurs, les pesticides organophosphorés comme le DDT sont liés à une augmentation du risque de

lymphome non hodgkingien (cancer des ganglions) et de myélome multiple (cancer du sang qui s’origine dans la moelle des os). Pour les leucémies, bien que les résultats soient moins concluants, le risque ne peut être écarté. Pour d’autres cancers, comme le

cancer du testicule ou

du cerveau, l’analyse des études est difficile, notamment en raison de leur incidence faible en population générale.S’agissant des maladies neurodégénératives, une augmentation du risque de développer une

maladie de Parkinson chez les personnes exposées aux pesticides est observée. Pour d’autres maladies comme la

maladie d’Alzheimer ou la

sclérose latérale amyotrophique, il n’y a pas assez d’études pour conclure. En revanche, un effet délétère sur les fonctions cognitives a été observé, notamment chez les personnes ayant des antécédents d’intoxication aiguë aux pesticides.Effets sur la grossesse, le développement de l’enfant et la fertilitéLes études suggèrent une augmentation de

fausses-couches chez les femmes enceintes ayant une exposition professionnelle aux pesticides, ainsi que de malformations congénitales chez leurs enfants. D’autres publications montrent également des altérations du développement de l’enfant, en particulier une atteinte de la motricité de l’acuité visuelle ou de la mémoire récente, mais aussi un risque accru de survenue de leucémie et des tumeurs cérébrales.En dehors des milieux professionnels exposés, des études pointent une augmentation de malformations congénitales chez les enfants de femmes vivant à proximité de zones agricoles.Enfin, bien que le lien entre des pesticides aujourd’hui interdits et des atteintes de la fertilité ait été établi, “le lien entre pesticide et infertilité chez la femme est mal connu et mérite d’être mieux étudié“, précise l’expertise de l’Inserm.Jesus CardenasSource :

Dossier de presse Inserm 12 juin 2013L’expertise est consultable en ligne :

Synthèse Inserm: “Expertise collective“